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Mes vers fuiraient
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Mes vers fuiraient, doux et frêles, Vers votre jardin si beau,
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Si mes vers avaient des ailes,
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Des ailes comme l'oiseau.
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Ils voleraient, étincelles, Vers votre foyer qui rit,
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Si mes vers avaient des ailes,
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Des ailes comme l'esprit.
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Près de vous, purs et fidèles, Ils accourraient, nuit et jour, Si mes vers avaient des ailes, Des ailes comme l'amour!
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Victor Hugo: Les Contemplations Paris, 22 mars 1841
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Ce siècle avait deux ans
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Ce siècle avait deux ans. Rome remplaçait Sparte, Déjà Napoléon perçait sous Bonaparte,
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Et du premier consul déjà, par maint endroit,
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Le front de l'empereur brisait le masque étroit. Alors dans Besançon, vieille ville espagnole, Jeté comme la graine au gré de l'air qui vole, Naquit d'un sang breton et lorrain à la fois
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Un enfant sans couleur, sans regard et sans voix ; Si débile qu'il fut, ainsi qu'une chimère, Abandonné de tous, excepté de sa mère,
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Et que son cou ployé comme un frêle roseau
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Fit faire en même temps sa bière et son berceau. Cet enfant que la vie effaçait de son livre,
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Et qui n'avait pas même un lendemain à vivre,
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C'est moi. -
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Je vous dirai peut-être quelque jour
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Quel lait pur, que de soins, que de vœux que d'amour, Prodigués pour ma vie en naissant condamnée,
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M'ont fait deux fois l'enfant de ma mère obstinée ;
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Ange qui sur trois fils attachés à ses pas Épandait son amour et ne mesurait pas.
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Oh ! l'amour d'une mère ! amour que nul n'oublie ! Pain merveilleux qu'un dieu partage et multiplie ! Table toujours servie au paternel foyer !
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Chacun en a sa part et tous l'ont tout entier !
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Je pourrai dire un jour, lorsque la nuit douteuse Fera parler les soirs ma vieillesse conteuse, Comment ce haut destin de gloire et de terreur Qui remuait le monde aux pas de l'empereur,
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Dans son souffle orageux m'emportant sans défense,
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A tous les vents de l'air fit flotter mon enfance. Car, lorsque l'aquilon bat ses flots palpitants, L'océan convulsif tourmente en même temps Le navire à trois ponts qui tonne avec l'orage, Et la feuille échappée aux arbres du rivage.
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Maintenant, jeune encore et souvent éprouvé, J'ai plus d'un souvenir profondément gravé, Et l'on peut distinguer bien des choses passées
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Dans ces plis de mon front que creusent mes pensées. Certes, plus d'un vieillard sans flamme et sans cheveux, Tombé de lassitude au bout de tous ses vœux
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Pâlirait, s'il voyait, comme un gouffre dans l'onde,
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Mon âme où ma pensée habite comme un monde, Tout ce que j'ai souffert, tout ce que j'ai tenté, Tout ce qui m'a menti comme un fruit avorté,
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Mon plus beau temps passé sans espoir qu'il renaisse,
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Les amours, les travaux, les deuils de ma jeunesse, Et, quoique encore à l'âge où l'avenir sourit,
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Le livre de mon cœur à toute page écrit !
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Si parfois de mon sein s'envolent mes pensées,
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Mes chansons par le monde en lambeaux dispersées ; S'il me plaît de cacher l'amour et la douleur
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Dans le coin d'un roman ironique et railleur ;
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Si j'ébranle la scène avec ma fantaisie,
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Si j'entre-choque aux yeux d'une foule choisie D'autres hommes comme eux, vivant tous à la fois De mon souffle et parlant au peuple avec ma voix ; Si ma tête, fournaise où mon esprit s'allume,
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Jette le vers d'airain qui bouillonne et qui fume Dans le rythme profond, moule mystérieux
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D'où sort la strophe ouvrant ses ailes dans les cieux ; C'est que l'amour, la tombe, et la gloire, et la vie, L'onde qui fuit, par l'onde incessamment suivie, Tout souffle, tout rayon, ou propice ou fatal,
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Fait reluire et vibrer mon âme de cristal,
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Mon âme aux mille voix, que le Dieu que j'adore Mit au centre de tout comme un écho sonore !
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D'ailleurs j'ai purement passé les jours mauvais, Et je sais d'où je viens, si j'ignore où je vais. L'orage des partis avec son vent de flamme Sans en altérer l'onde a remué mon âme.
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Rien d'immonde en mon cœur, pas de limon impur Qui n'attendît qu'un vent pour en troubler l'azur !
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Après avoir chanté, j'écoute et je contemple,
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A l'empereur tombé dressant dans l'ombre un temple, Aimant la liberté pour ses fruits, pour ses fleurs,
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Le trône pour son droit, le roi pour ses malheurs ; Fidèle enfin au sang qu'ont versé dans ma veine Mon père, vieux soldat, ma mère vendéenne !
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Victor Hugo:
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Les Feuilles d’automne
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23 juin 1830
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Le mariage de Roland
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Ils se battent - combat terrible ! - corps à corps. Voilà déjà longtemps que leurs chevaux sont morts ; Ils sont là seuls tous deux dans une île du Rhône. Le fleuve à grand bruit roule un flot rapide et jaune,
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Le vent trempe en sifflant les brins d'herbe dans l'eau. L'archange saint Michel attaquant Apollo
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Ne ferait pas un choc plus étrange et plus sombre. Déjà, bien avant l'aube, ils combattaient dans l'ombre. Qui, cette nuit, eût vu s'habiller ces barons,
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Avant que la visière eût dérobé leurs fronts,
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Eût vu deux pages blonds, roses comme des filles. Hier, c'étaient deux enfants riant à leurs familles, Beaux, charmants ; - aujourd'hui, sur ce fatal terrain, C'est le duel effrayant de deux spectres d'airain, Deux fantômes auxquels le démon prête une âme,
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Deux masques dont les trous laissent voir de la flamme.
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Ils luttent, noirs, muets, furieux, acharnés. Les bateliers pensifs qui les ont amenés
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Ont raison d'avoir peur et de fuir dans la plaine, Et d'oser, de bien loin, les épier à peine
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Car de ces deux enfants, qu'on regarde en tremblant, L'un s'appelle Olivier et l'autre a nom Roland :
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Et, depuis qu'ils sont là, sombres, ardents, farouches, Un mot n'est pas encor sorti de ces deux bouches. Olivier, sieur de Vienne et comte souverain,
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A pour père Gérard et pour aïeul Garin.
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Il fut pour ce combat habillé par son père.
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Sur sa targe est sculpté Bacchus faisant la guerre Aux normands, Rollon ivre, et Rouen consterné, Et le dieu souriant par des tigres traîné,
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Chassant, buveur de vin, tous ces buveurs de cidre ; Son casque est enfoui sous les ailes d'une hydre ;
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Il porte le haubert que portait Salomon ;
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Son estoc resplendit comme l'oeil d'un démon ; Il y grava son nom afin qu'on s'en souvienne ; Au moment du départ, l'archevêque de Vienne A béni son cimier de prince féodal.
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Roland a son habit de fer, et Durandal.
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Ils luttent de si près avec de sourds murmures,
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Que leur souffle âpre et chaud s'empreint sur leurs armures ; Le pied presse le pied ; l'île à leurs noirs assauts
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Tressaille au loin ; l'acier mord le fer ; des morceaux
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De heaume et de haubert, sans que pas un s'émeuve, Sautent à chaque instant dans l'herbe et dans le fleuve ; Leurs brassards sont rayés de longs filets de sang
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Qui coule de leur crâne et dans leurs yeux descend. Soudain, sire Olivier, qu'un coup affreux démasque, Voit tomber à la fois son épée et son casque.
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Main vide et tête nue, et Roland l'œil en feu ! L'enfant songe à son père et se tourne vers Dieu. Durandal sur son front brille. Plus d'espérance !
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- Çà, dit Roland, je suis neveu du roi de France,
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in Data Studio
Dataset origin: https://www.kaggle.com/datasets/ericbenhamou/victor-hugo-texts
Context
Victor Marie Hugo (26 February 1802 – 22 May 1885) is a French poet, novelist, and dramatist of the Romantic movement. Hugo is considered to be one of the greatest and best-known French writers.
Content
You can find here some of his famous text that can be used to do NLP with French texts.
Acknowledgements
This small dataset is in spirit similar to the one concerning Shakespeare, even though this is still work in progress
Inspiration
Please use these data to show the capacity of neural networks and many other machine learning algorithms to learn how to write like a professional writer
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