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Dans ces jours où la tête au poids des ans s'incline, Où l'homme, sans projets, sans but, sans visions, Sent qu'il n'est déjà plus qu'une tombe en ruine Où gisent ses vertus et ses illusions ;
Quand notre âme en rêvant descend dans nos entrailles, Comptant dans notre coeur, qu'enfin la glace atteint, Comme on compte les morts sur un champ de batailles, Chaque douleur tombée et chaque songe éteint,
Comme quelqu'un qui cherche en tenant une lampe, Loin des objets réels, loin du monde rieur,
Elle arrive à pas lents par une obscure rampe Jusqu'au fond désolé du gouffre intérieur ;
Et là, dans cette nuit qu'aucun rayon n'étoile, L'âme, en un repli sombre où tout semble finir, Sent quelque chose encor palpiter sous un voile... C'est toi qui dors dans l'ombre, ô sacré souvenir !
Victor Hugo:
Les rayons et les ombres
21 octobre 1837
Les lions, c'est des loups.
CINQ ANS
SIX ANS
C'est très méchant, les bêtes.
Oui.
CINQ ANS
SIX ANS
Les petits oiseaux ce sont des malhonnêtes ; Ils sont des sales.
CINQ ANS
Oui.
SIX ANS, regardant les serpents.
Les serpents...
CINQ ANS, les examinant.
C'est en peau.
SIX ANS
Prends garde au singe ; il va te prendre ton chapeau.
CINQ ANS, regardant le tigre.
Encore un loup !
SIX ANS
Viens voir l'ours avant qu'on le couche.
Joli !
CINQ ANS, regardant l'ours.
Ça grimpe.
SIX ANS
CINQ ANS, regardant l'éléphant.
Il a des cornes dans la bouche.
SIX ANS
Moi, j'aime l'éléphant, c'est gros.
SEPT ANS, survenant et les arrachant à la contemplation de l'éléphant.
Allons ! venez !
Vous voyez bien qu'il va vous battre avec son nez.
Victor Hugo:
L’Art d’être grand-père
La source tombait du rocher Goutte à goutte à la mer affreuse. L'océan, fatal au nocher,
Lui dit : « Que me veux-tu, pleureuse ?
« Je suis la tempête et l'effroi ;
« Je finis où le ciel commence.
« Est-ce que j'ai besoin de toi,
« Petite, moi qui suis l'immense ? »